Sur le pont : Sandy MacMillan

Sandy MacMillan a été intronisé au Temple de la renommée de la voile canadienne le 3 octobre 2021, à la suite de ses titres de champion du monde en 1977 et 1980 dans la catégorie Soling en compagnie d’Andreas Josenhans et Glen Dexter. Discussion « Sur le pont » avec le navigateur de la Nouvelle-Écosse.

Félicitations pour votre intronisation au Temple de la renommée de la voile canadienne. Comment vous sentez-vous?
On se sent pas mal comme lors de n’importe quelle journée. C’est toujours bien d’avoir des accolades, des prix et autres choses de ce genre, mais les accomplissements qui sont reconnus datent de bien longtemps. Ça vous fait certainement sentir plus vieux, ça, c’est sûr. Vous entendez « Temple de la renommée » et vous vous dites « oh, oh, je dois arriver à la fin de ma carrière » mais, heureusement, je fais toujours et ce, à plusieurs reprises, de la voile et c’est la beauté de ce sport alors que tu peux toujours en faire. Tu n’as pas besoin de terminer ta carrière. Tu peux faire autres choses en voile parce que c’est un sport pour la vie.

Vous avez été couronnés champion en classe Soling aux Championnats du monde de 1977 et de 1980. Comment vous sentiez-vous lorsque vous avez réalisé que vous aviez terminé au premier rang?
Je me souviens de 1977 puisque c’était notre premier titre, que c’était en Norvège et que nous avons reçu le trophée du roi de Norvège, le roi Olav à ce moment. Et la Norvège, évidemment, est le point central pour la classe Soling alors que ce bateau a été conçu en Norvège. C’étaient des championnats du monde magnifiques pour nous. Nous y étions avec plusieurs autres bons Canadiens puisque nous étions très forts en classe Soling dans les années 1970 et 1980.

En 1980, c’était un sentiment partagé. Nous venions de terminer la dernière épreuve des sélections olympiques et nous avons gagné les championnats du monde, mais nous n’avions pas été sélectionné pour l’équipe olympique selon le système de point. Donc, d’un côté, nous étions contents d’avoir remporté les championnats du monde, mais nous étions abattus en même temps. De plus, le boycott a été annoncé en plein milieu des Championnats du monde. Nous étions assez certains que le Canada n’y participerait pas pour se plier probablement à la politique étrangère des États-Unis afin d’essayer de punir la Russie. Fait assez intéressant, la raison du boycott, l’Afghanistan, est toujours dans l’actualité, n’est-ce pas?

Vous avez remporté ces titres avec Glen Dexter et Andreas Josenhans. Que vous souvenez le plus de ces gars?
Je les vois encore beaucoup. Nous sommes encore de bons amis. Andreas et Glen vivent tous les deux à Lunemburg et j’y travaille. Je me souviens de beaucoup de chose à propos d’eux. Il n’y a pas de souvenir précis qui ressort. Nous avons eu beaucoup d’aventures en voile ensemble depuis.

À l’exception de la médaille, quel est votre meilleur souvenir des Championnats du monde de 1977?
Je crois que ce serait d’être dans la même ligue que Buddy Melges, qui était l’un de nos mentors, ainsi que Hans Fogh et Wilhelm (Willi) Khuweide de l’Allemagne, des gars comme ça qui étaient vraiment parmi les meilleurs en voile en Soling. Et, en Norvège, nous avons de grands souvenirs.

À l’exception de la médaille, quel est votre meilleur souvenir des Championnats du monde de 1980?
Nous avons vécu une situation où nous avons dépassé la ligne par vraiment beaucoup. Nous avons dû faire un tour arrière complet, en ligne droite jusqu’à l’arrière, retourner à la ligne et retraverser la ligne de départ. Dans une flotte de plus de 40 bateaux, vous vous attendez, lors de ce type de course, et avec le niveau de talent qu’il y avait et le vent, qu’il n’y aurait pas beaucoup de place pour dépasser, vous savez. Nous avons terminé 13e et c’était une grosse affaire après y avoir mis beaucoup de puissance, ce dont nous étions très bons dans ce temps-là. Donc mon meilleur souvenir est notre retour dans cette course et, conséquemment, quelques autres courses que nous avons remportées assez facilement, mais c’était avec moins de vent.

Aux Jeux olympiques de 1976, vous avez pris le 8e rang. Comment vous sentiez-vous?
Fait assez intéressant, nous nous sommes concentrés à remporter les essais. C’était notre point de focus. Nous ne croyions vraiment pas en nos chances de remporter une médaille jusqu’à la quatrième course des Jeux olympiques à Kingston que nous avons remporté. Et nous avons eu une autre troisième place donc, soudainement, nous montions et nous faisions très bien. Donc, mon plus grand souvenir est de remporter une course aux Olympiques, une course mais, à l’opposé des nageurs, nous ne gagnons pas une médaille à chaque fois que nous entrons dans la piscine. C’est une série de courses. Nous avons réfléchi à ce sujet et nous avons réalisé que nous avions du talent. Malheureusement, nous n’étions pas toujours capables de tout mettre ensemble, même si nous étions confiants que nous le pouvions. C’est tout de même un grand sentiment.

Que vous souvenez-vous le plus de votre expérience aux Jeux olympiques de 1976?
C’est comme ce que je fais avec mes enfants : je vois les hauts et les bas. Le haut était certainement de marcher dans le Stade olympique en tant que Canadien. La dernière équipe à entrer, la nation hôtesse. C’était fantastique. Je sentais mon cœur battre. Le stade au complet semblait juste s’écrouler sur nous tellement c’était bruyant. C’était une expérience assez marquante dont je me souviens encore.

Je me rappelle également de Kingston qui est une grande ville. Nous aimons Kingston et ce, encore aujourd’hui. C’est une place magnifique! Lorsque nous étions dans l’autobus vers Montréal pour les cérémonies d’ouverture, d’être dans une grande ville et de venir d’une petite place comme de la Nouvelle-Écosse, c’était un peu écrasant. Nous étions beaucoup plus confortables à Kingston.

Une autre expérience est que nous avons eu une fête assez intéressante à notre résidence où nous habitions. Nous n’étions pas au village olympique parce que c’étaient les Jeux qui suivaient immédiatement ceux de Munich, donc la sécurité était extrêmement élevée. Nous avons choisi de vivre, comme Canadiens, par nous-mêmes et dans nos appartements et, à la fin des Jeux, nous avons eu un gros party qui, je dois dire, s’étendait jusque dans la rue. Et la police de Kingston avait tellement de bons gars! Ils sont venus et nous ont regardé en disant que ça n’allait pas finir de sitôt et que l’option était de fermer la rue, ce qu’ils ont fait. Nous aimons Kingston. Nous serons toujours reconnaissants pour le temps que nous y avons passé parce que c’était une grande expérience.

La partie basse pour nous a été la dernière course alors que nous étions en une assez bonne situation. Nous avons frappé la bouée. Nous avons actuellement cette photo dans presque notre tête et également sur nos murs. Nous l’appelons « The Jibe ». Mais ça nous a rendu plus fort, nous avons réalisé que vous devez être très au courant de tous ce qui se passe tout au long du parcours. Nous avons réussi à revenir un peu, mais ça a affecté, je ne dirais pas obtenir une médaille parce que je ne crois pas que nous étions dans la course, mais nous aurions pu terminer cinquième et nous avons fini au huitième rang.

Comment cette expérience à Montréal a eu un impact sur le reste de votre carrière?
La chose principale est que nous avons décidé d’y aller pour un autre cycle olympique vers 1980, ce que nous avons fait. Cela a réellement eu un impact sur notre carrière en Soling parce que nous avions une assez bonne fiche en route vers ces quatre années. Nous avions gagné deux championnats du monde et sommes arrivés deuxièmes dans l’autre. Nous étions sur une lancée. Nous avions ce que nous considérions le bateau le plus rapide et nous avions deux ou trois de ces bateaux pendant cette période. Nous avions une très bonne situation de réglage. Pour le reste de notre carrière, nous savions comment avoir un bateau prêt et le rendre rapide. Ça faisait partie de notre mantra qui était « sentir le bateau, le rendre à notre manière et trouver cette petite mesure d’extra de vitesse et comment les utiliser ». Certainement, Glen et Andreas avaient ce flair spécial. J’étais en quelque sorte nouveau en voile à ce moment alors que je n’avais fait de voile de compétition que pendant deux ans, mais ça eu un impact pour le reste de ma carrière puisque je suis devenu un fabricant de voile.

Qu’avez-vous fait à la suite de votre carrière en tant qu’athlète international?
Nous avons commencé ensemble notre commerce comme fabricant de voile entre 1977 et 1980. C’était notre façon de financer nos programmes et nous avons également appris beaucoup quant aux autres façons de fabriquer des voiles, les voiles en tant que tel et naviguer comme sport, comme en croisière, la course et la voile hauturière. Hans était un fabricant de voile, c’était donc une chose logique et c’est ce que nous avons fini par faire.

Que faites-vous maintenant?
Je suis toujours un fabricant de voile. Je possède un magasin nautique à Halifax. Nous jouons avec les cordes et toutes autres choses pour les voiliers, les yachts et les bateaux commerciaux.

Est-ce que vous continuez à faire de la voile?
Nous le faisons tous! Nous avons des bateaux de croisière, nous naviguons sur des Sonar et des bateaux plus gros et hauturiers. Nous en avons fait un sport pour la vie pour nous.