La Croisière des Alizés vise à offrir du soutien aux jeunes filles et femmes souffrant d’un trouble alimentaire par le biais d’excursions en voilier sur le fleuve Saint-Laurent. Entrevue « Sur le pont » avec la directrice et cofondatrice, Nathaly Isabelle.
Comment est née l’idée de la Croisière des Alizés?
L’idée de la croisière est née d’une expérience personnelle, et est inspirée également de la Croisière des Guerrières en France avec le psychiatre Xavier Pommereau et la grande navigatrice Florence Arthaud.
Nous avons accompagné également notre fille dans sa maladie qui a duré plus de sept ans. Sept longues années où, pour sortir de cet état, plusieurs démarches ont été entamées : hospitalisations, psychothérapies, écriture, voile… Et nous avons remarqué que le milieu marin, la voile et la beauté du fleuve apaisent les souffrances petit à petit. De marées basses en marées hautes, de tempêtes aux accalmies, peu à peu, notre fille a tracé sa voie vers la guérison.
Heureuse et reconnaissante de l’issue des événements, notre famille désire partager cette expérience bénéfique en faisant connaître les bienfaits de la voile parce qu’au-delà de la souffrance, il existe un monde de possibilités.
Comment est venue l’idée d’intégrer la voile pour aider les femmes souffrant d’un trouble alimentaire?
L’idée est venue de notre expérience familiale. La voile permet d’être dans le « ici maintenant » alors que les jeunes filles se concentrent sur les manœuvres de voile et la beauté du paysage, ce qui permet ainsi d’éloigner les idées obsessionnelles du trouble alimentaire.
La première édition a été présentée l’an dernier. Comment ça s’est passé en pleine pandémie?
La première édition a été un projet pilote en collaboration avec la Maison l’Éclaircie, qui vient en aide aux personnes souffrant de troubles alimentaires à Québec, Ex Situ, une organisation spécialisée dans les interventions par le plein air, Loricorps, organisme également spécialisé dans les troubles des conduites alimentaires, et l’école de voile Mercator. Les conclusions ont été très favorables et nous avons donc décidé de poursuivre cette année.
Pour l’édition présentée en pandémie, nous avons suivi les précautions d’usage pour les excursions de voile à cette période et nous avons également bénéficié de cette accalmie pendant l’été.
Combien de participantes avez-vous eues?
Depuis la première édition, nous avons accueilli 25 jeunes filles qui ont profité de notre service lors de nos quatre excursions organisées jusqu’ici.
Comment s’est passée votre édition 2022?
Notre édition 2022 est un succès avec la présentation de nos trois excursions à Cap-à-l’Aigle en collaboration avec nos partenaires ainsi qu’une excursion sur la Côte-Nord en collaboration avec le grand voilier ÉcoMaris et Horizon – Services de santé en plein air, où dix jeunes filles ont découvert cette superbe région.
À la suite de leur participation à la Croisière des Alizés, avez-vous vu un impact auprès de ces jeunes filles?
Plusieurs témoignages positifs font suite aux excursions de voile. Ce n’est pas miraculeux bien sûr, mais cela procure un sentiment de bien-être, permet de développer la confiance en soi, le travail d’équipe et le lâcher prise.
Quelles activités font les jeunes filles à bord de la Croisière des Alizés?
Elles font principalement des manœuvres de voile grâce à l’expertise de Marie-Paul Simard de l’école de voile Mercator ainsi que des activités de cohésion de groupe, en plus de faire un retour sur la journée et des activités de connaissance de soi en lien avec l’intervention par la voile.
Quel est le trajet de la Croisière des Alizés?
Le trajet de la Croisière des Alizés se fait aux alentours de Cap-à-l’Aigle afin de découvrir cette magnifique région dans Charlevoix. Le bateau revient au quai tous les soirs pour les excursions qui se déroulent au cours d’une fin de semaine.
Est-ce que les activités sont présentées seulement en français ou y a-t-il également des services en anglais?
L’activité est principalement en français car notre clientèle est francophone pour l’instant.
Quelle est la situation des filles avec les troubles alimentaires au cours des dernières années?
La pandémie de la COVID-19 a eu un effet négatif sur tous créant l’isolement, mais particulièrement pour des jeunes filles plus vulnérables, en plus d’avoir été très difficile pour la santé mentale des jeunes au Canada. De nouvelles données révèlent une augmentation de près de 60 % des hospitalisations liées à des troubles alimentaires chez les filles de 10 à 17 ans, depuis mars 2020. On note une augmentation de 115 % des visites aux services d’urgence pour des troubles de l’alimentation chez les jeunes filles de ce même groupe d’âge, soit 1,6 fois plus élevé en 2020 qu’en 2019.
Comment les gens peuvent-ils s’inscrire?
Pour les excursions à Cap-à-l’Aigle, c’est la Maison l’Éclaircie qui sélectionne les jeunes filles et jeunes femmes qui doivent passer par une cohorte. Celles-ci doivent être prêtes pour les excursions et doivent être sur le chemin de la guérison.
Pour l’excursion sur l’ÉcoMaris, nous sélectionnons nous mêmes les jeunes filles en collaboration avec Horizon – Services de santé en plein air. Les jeunes filles nous contactent directement et cet organisme s’occupe des entrevues avec les candidates et les contacts avec le personnel médical pour s’assurer que les jeunes filles sont aptes à faire cette expédition.
Pour plus d’information, visitez le https://www.croisieredesalizes.com/.