Sur le pont : Michael de la Roche

Il y a 45 ans, Michael de la Roche était l’un des 12 représentants canadiens en voile aux Jeux olympiques de 1976 à Montréal. Discussion « Sur le pont » avec le navigateur de la province de la ville hôtesse, Québec.

Les Jeux olympiques de 1976 étaient présentés il y a 45 ans. Que vous souvenez-vous le plus de ces Jeux?
Nous étions énormément honorés de représenter le Canada et le Québec. Le Québec était particulièrement fort en Tornado avec Brian Palfreman et Don Cote qui étaient de grands compétiteurs. Nous nous sentions donc très chanceux d’être ceux qualifiés pour représenter le Canada.

Vous avez pris le 7e rang dans l’épreuve mixte en multicoque avec Larry Woods. Étiez-vous satisfaits de votre performance?
Nous revenions des Championnats du monde en Australie où nous avions pris le 4e rang. Nous espérions donc faire mieux à Kingston et nous visions une médaille. Je pense que nous avons navigué une solide régate. Nous avons eu un peu de malchance sur le parcours mais, ultimement, nous étions fiers de notre performance et extrêmement contents de voir Reg White de l’Angleterre remporter l’or. Reg, comme vous pouvez vous souvenir, était l’un des designers originaux et promoteurs du catamaran Tornado et un superbe athlète et sportif.

Que vous souvenez-vous le plus de Larry Woods?
Larry était le compétiteur accompli. Féroce sur le parcours, mais toujours prêt à aider tout le monde à s’améliorer. Je me souviens de lui qui aidait les nouveaux navigateurs dans la classe au niveau des cordes et câbles, des réglages de leur bateau ainsi qu’avec les tactiques. Il le faisait à plus ou moins grande portée à presque toutes les régates alors qu’il croyait fortement que plus forte était la compétition, mieux que chacun naviguait. Je ne me souviens pas d’une fois où il n’avait pas un grand sourire qui traversait son visage, spécialement en naviguant. Quand je pense aux qualités d’un Olympien, Larry me vient immédiatement en tête. Il était un sportif au-dessus de tout.

Ce fut vos premiers et derniers Jeux olympiques. Est-ce que le boycott des Jeux de 1980 a eu un impact sur votre carrière?
Pas vraiment. J’avais décidé d’essayer d’entrer en médecine et, ainsi, mes efforts étaient concentrés sur cela, ce qui excluait beaucoup de sports et d’activités que j’aurais voulu faire en même temps.

Présentés dans votre province natale, sentiez-vous la frénésie menant à Montréal 1976 et, si oui, que vous souvenez-vous le plus de cela?
Je m’entraînais principalement à Kingston où j’étais déménagé pour aller à l’université et m’entraîner. Lorsque nous allions au Québec pour des compétitions, l’excitation était certainement palpable quant aux Olympiques qui s’en venaient avec des drapeaux olympiques presque partout.

Alors que vous venez du Québec, à quel point étiez-vous fier que votre province soit l’hôte des Jeux olympiques?
Je pense que le Québec a fait un travail incroyable à présenter les Jeux. C’étaient les premiers Jeux après Munich et d’avoir un équilibre pour la sécurité des athlètes en lien avec les spectateurs et les médias était un changement monumental et un défi comparé aux Jeux précédents. Ça vraiment mis la barre pour tous les Jeux olympiques qui ont suivi.

Avez-vous participé aux cérémonies d’ouverture? Si oui, que vous souvenez-vous le plus?
Oui, et ce qui m’a le plus frappé était l’acclamation absolument assourdissante et prolongée qui était entendue lorsque l’équipe canadienne est entrée dans le stade.

Canadian athletes make their entrance at the opening ceremonies for the 1976 Olympic games in Montreal. (CP PHOTO/COC/ RW)
Les athlètes canadiens font leur entrée lors des cérémonies d’ouverture des Jeux olympiques de Montréal de 1976. (Photo PC/AOC)

Les compétitions de voile étaient présentées à Kingston. Comment vous sentiez-vous de vivre les Jeux olympiques à l’extérieur de votre province dans un site satellite?
À ce moment, je vivais et j’allais à l’Université à Kingston alors c’était un peu anti-climatique de ne pas partir pour les Jeux. C’était peut-être la plus grosse opportunité que nous avons vécu en tant que pays hôte. La bonne chose était que c’était présenté au Canada, ce qui a aussi causé le mauvais côté des choses parce que nous n’avons pas voyagé et été accueilli par d’autres pays et, dans mone cas, même par d’autres villes.

Vous étiez le docteur de l’équipe canadienne de voile à Tokyo 2020. Comment était-ce excitant d’être encore impliqué en voile avec votre travail?
Je dois avouer que je suis profondément fier et honoré de pouvoir continuer à être affilié, toutefois en périphérie, avec ces athlètes exceptionnels. Dire que je suis humble par leurs accomplissements est un euphémisme. Je me considère chanceux d’avoir cette opportunité très unique de donner des avis et des conseils non seulement comme professionnel médical, mais également comme un ancien athlète qui a un peu de compréhension des implications du sport de la voile, incluant les facteurs environnementaux que les navigateurs doivent, grâce au sport, travailler avec.

En tant que docteur, quelles blessures voyez-vous le plus souvent en voile et comment est-ce que les enfants peuvent les prévenir?
C’est une GRANDE question. Je me fais demander cela assez souvent et ma réponse a évolué au cours des années alors que notre compréhension de la physiologie humaine et des performances ont évolué. Je dirais qu’il y a trois blessures majeures dont nous devons porter attention maintenant.

En voile, la blessure la plus commune serait l’hypo- et l’hyperthermie. Ce ne sont pas des choses que nous portions beaucoup d’attention, mais les deux peuvent affecter significativement un athlète sur et hors de l’eau et, pour la plupart du temps, peuvent être facilement atténuées avec une bonne planification et de bons vêtements. De plus, les effets peuvent être potentiellement catastrophique si ils restent non traités.

Un deuxième type de blessure que je resterais à l’affût sont les blessures à la tête (commotions). Traditionnellement, nous n’avons pas porté beaucoup d’attention aux interactions du dôme à la tête mais elles peuvent être significatives et nous devons donner un peu plus d’attention aux techniques pour les minimiser alors qu’elles peuvent également mener à une morbidité importante et même jusqu’à la mort dans des cas rares.

Le troisième, et probablement la blessure la plus commune si on peut utiliser ce terme, est la santé psychologique de l’athlète et de composer avec le stress de compétitionner, s’entraîner, travailler, la famille et l’équilibre compliqué de l’action qu’un athlète, dans n’importe quel sport, doit gérer. Une fois de plus, ce n’est pas quelque chose que nous avons porté attention pendant quatre décennies, mais ça a certainement un impact majeur tant sur les performances immédiates que les habiletés de vie à long terme et nous commençons à porter l’attention que ça mérite.

Est-ce que vous naviguez toujours?
Absolument. Pas sur des multicoques ces jours-ci (quoi que je considère un foil UFO). J’ai deux Lasers et mes deux enfants sont des navigateurs. Lorsque je ne navigue pas en Laser, je peux, des fois, être vu faire de la planche à voile; c’est toujours une source d’amusement pour ceux qui sont meilleurs et autour de moi. Comme ils disent, la voile est une sentence à vie.