Sur le pont : Isabella Bertold

En janvier dernier, Isabella Bertold a lancé son fonds d’héritage pour la prochaine génération. Conversation « Sur le pont » avec l’ancienne membre de l’équipe nationale de Vancouver, en C.-B.

Félicitations pour cette initiative! Comment est-ce que cette idée est arrivée?
L’idée a fait son chemin depuis longtemps. Je fais de la voile depuis que j’ai cinq ans et, depuis les débuts en Optis, j’ai eu des mentors et des supporteurs tout au long de ma carrière. Je suis reconnaissante envers tous ceux qui m’ont aidé avec générosité. Et je pense que c’est l’une des plus grosses leçons que j’ai appris de tous ces gens généreux : il y a tellement une valeur à redonner, évidemment pour ceux qui obtiennent de l’aide, mais également pour ceux faisant le don.

Quel est l’objectif de ce fonds?
L’objectif est d’augmenter les opportunités en voile de haute performance pour les jeunes athlètes en C.-B.

Comment est-ce que ça va fonctionner et qui peut appliquer?
Le fonds supporte les athlètes de deux façons. Tout d’abord, en s’engageant dans les camps d’entraînement provinciaux en Colombie-Britannique en solo en ou duo. Présenter un camp demande une planification à long terme et, avec ce financement, BC Sailing peut les organiser avec confiance. Deuxièmement, en finançant des bourses de voyage pour les athlètes qui participent à des régates hors de la province. Les bourses seront remises après application et nous nous attendons à demander des applications à la mi-avril.

Vous avez un baccalauréat en finance/gestion de la Sauder School of Business. Est-ce que vous serez impliqué dans la gestion de ce fonds?
Oui, ça été un plaisir de travailler avec BC Sailing au développement d’une formule de fonds et j’ai hâte de pouvoir contribuer au développement de la prochaine génération des athlètes en voile de haute performance.

Quel est votre meilleur souvenir en tant qu’athlète au sein de l’équipe nationale de voile en Laser Radial?
J’ai compétitionné au sein de l’équipe nationale pendant 17 ans et j’ai eu tellement de bons moments que c’est difficile d’en choisir juste un ou deux.

Mes premiers Championnats du monde de la jeunesse à Kingston étaient vraiment spéciaux.
Je me souviens encore de rire à chaque fois que Ken Dool poussait nos sacs secs dans ce qui ressemblait à un bateau de pirates géant.

Aussi, je vais toujours me souvenir de moments marquants comme remporter ma première médaille en Coupe du monde à Miami et de monter à nouveau sur le podium à l’ancienne installation olympique de 2008 à Qingdao. Ma dernière régate de Coupe du monde à Genoa, en Italie, était un mélange d’émotions, sachant que je quittais la flotte en Laser alors que je remportais encore des courses.

Mais tout aussi mémorables étaient ces moments sur l’eau, comme faire du Zumba dans un cabanon avec des partenaires d’entrainement à Weymouth, en Angleterre, ou d’avoir un chauffeur de taxi qui me conduit, moi et mon entraîneur Kevin Black, accidentellement à travers un champ de riz au milieu de la nuit en route vers les Championnats du monde à Rizhao, en Chine, ou tenter de tout voir à Tokyo en 12 heures.

Je ne peux honnêtement choisir un seul souvenir, mais les bons moments sont certainement plus nombreux que ceux les plus difficiles.

En avril 2013, vous étiez classées au deuxième rang au monde en Laser Radial. Malheureusement, vous ne vous êtes pas qualifiées pour les Jeux olympiques de Rio en 2016. Quelles étaient vos réflexions à la suite de ce cycle olympique?
C’est difficile pour un athlète de ne pas établir les Olympiques comme un objectif. Les gens comprennent la marque olympique et la voit comme le sommet de la performance. Mais j’ai appris que c’est sain de mesurer les résultats selon mes propres critères. Par exemple, j’étais personnellement beaucoup plus motivée de gagner un championnat du monde. En voile olympique, seulement une personne par pays se qualifie aux Jeux, ce qui signifie que plusieurs des meilleurs navigateurs au monde ne participent pas aux Jeux olympiques. Remporter un championnat du monde contre tous les meilleurs au monde était mon plus grand objectif.

Ceci dit, j’ai raté de peu les qualifications pour les Jeux olympiques de 2008 à l’âge de 17 ans. J’étais tellement naïve à ce moment que je ne comprenais pas ce qu’étaient les essais.

Aux essais des Jeux de 2012, je compétitionnais sans doute à un très haut niveau, jusqu’à ce que je souffre d’une commotion cérébrale lors de la deuxième épreuve.

Puis, il y a eu le cycle de 2016. En route vers les Jeux, j’ai connu beaucoup de succès. Dans toutes les régates des Coupes du monde de 2013, mon pire résultat a été une huitième position. En 2014, j’ai récolté plusieurs top 10. Et je ne suis pas allée aux Jeux olympiques. Ce cycle olympique est quelque chose dont je n’ai pas beaucoup parlé. Mon programme d’entraînement a eu beaucoup d’obstacles et, à travers ces quatre années, j’ai eu beaucoup de blessures qui ont ultimement mis fin à ma carrière en Laser.

La santé mentale n’était pas un sujet public à ce moment, et je voulais paraître forte, composée, et certainement pas comme vulnérable. Ma réalité était très différente. Par le temps que j’atteigne le milieu de la saison 2015, mon objectif était devenu de simplement d’essayer de profiter à nouveau du sport de la voile, et d’avoir essentiellement du plaisir. Je suis très reconnaissante que mon entraîneur Al Clark m’a aidé à travailler pendant ces temps sombres, et, ensemble, nous avons passé à travers ce cycle olympique. Nous avons remporté ma deuxième médaille en Coupe du monde et j’ai continué à bien compétitionner jusqu’en 2019 tout en balançant le cyclisme sur route à un niveau élite.

Je suis fière d’avoir quitté la voile en Laser Radial alors que j’étais autant en amour que lors de ma première régate il y a longtemps lorsque j’avais 13 ans.

Comment le support financier vous a aidé dans votre carrière d’athlète?
J’ai été élevée par une mère seule et la situation financière de notre famille a fait que ma voile a toujours été soutenue par des dons et des organisations. Sans l’aide financière extérieure, Je n’aurais jamais accompli tout ce que j’ai fait.

Quel serait votre meilleur conseil à de jeunes athlètes?
C’est beaucoup de travail, mais souvenez-vous pourquoi vous êtes tombé en amour avec le sport. C’est tellement facile d’être piégé dans une mentalité de haute performance qui enlève le plaisir de ce que vous faites.

Que faites-moi maintenant comme travail?
En tant qu’athlète, j’ai appris à avancer tout en faisant plusieurs tâches à la fois, en maintenant un programme d’entraînement tout en continuant l’école, et j’imagine que je n’ai jamais vraiment arrêté de faire plusieurs tâches à la fois! Je suis présentement active dans le milieu de la gestion financière, avec quelques entreprises qui débutent, et quelques autres projets qui se poursuivent. Tous mes projets ont un lien semblable de durabilité, finance et technologie. Je fais également de la course de vélo au niveau professionnel, et je gère l’équipe professionnelle de cyclisme féminin InstaFund Racing.

Faites-vous toujours de la voile?
Oui! En fait, je suis super excitée d’être de retour dans des courses après une pause. Je participerai à plus de régates cette année, mais probablement pas en Laser. Dernièrement, j’ai vraiment aimé naviguer dans d’autres classes comme en J/70, et l’automne dernier, je me suis aventuré dans d’autres bateaux à « foils ». Le « foiling » est ma nouvelle passion. J’ai certainement ce besoin de vitesse. Vous me verrez donc en Waszp, et je me suis également établie comme objectif de compétitionner aux Championnats du monde en Moth plus tard cette année.